Formateurs : démasquer les escrocs ? 10 signes qui ne trompent pas !

Les escrocs

Ça y est ! le grand jour est arrivé ! Votre demande de financement vient d’être acceptée et vous allez pouvoir suivre cette semaine de formation tant désirée et obtenue haut la main grâce à votre superbe dossier, la somptueuse lettre de motivation et cette énorme boîte de chocolat apportée à votre conseiller Pôle-emploi, qui l’a terminée durant l’entretien.

Seulement voilà, des formations vous n’en n’avez jamais suivie et des formateurs, vous n’en avez jamais vu.

Vous vous doutez bien que tous les formateurs ne se valent pas, loin s’en faut. C’est logique, le contraire serait irréaliste !

Alors forcément, parfois, on tombe sur quelqu’un qui n’a rien à faire dans la salle où on vient s’installer, un petit café encore fumant et une viennoiserie posée sur la table devant soi.

Tous les formateurs ne se valent pas, encore faut-il savoir rapidement reconnaître les escrocs au milieu des vrais pros.

C’est pourquoi je vous ai listé une dizaine de signes qui ne trompent pas.

Et même si j’ai parfois un peu grossi le trait pour tenter de vous faire sourire, j’ai croisé en une trentaine d’années chacun des archétypes de ces profs bad fashion. À une époque, pas si lointaine, où il y avait moins de conventions, moins de contrôles, pas un seul smartphone pour les prendre en photo ou en flagrant délit de « singularité » (qui devient ici un synonyme de foutage de gueule).

Si aujourd’hui, croiser la route de ces spécimens est de moins en moins fréquent, voire rarissime, un dinosaure échappé de sa bouteille de formol peut toujours surgir au détour d’une salle de formation et prendre place comme si de rien était.

Voilà pourquoi il est vital de rester aux aguets, vigilant et l’œil vif, mais que cela ne vous empêche pas de terminer votre café avant qu’il ne refroidisse.

1/ IL PROPOSE DE VOUS MONTRER 2700 SLIDES EN TROIS JOURS.

« Là-dedans, y’a 15 ans de travail ! »

Ben oui, mais nous, on n’a que trois jours ! …

Powerpoint c’est bien. Si, c’est bien. Je me souviens de l’époque pas si lointaine où il fallait imprimer toute une pile de transparents, sortir du coffre de la voiture un énorme rétroprojecteur avec un long cou de cigogne qu’il fallait éteindre régulièrement pour lui laisser le temps de refroidir… une autre époque.

Et même si la tendance est au tout Powerpoint, cela doit rester un support de cours, pas une torture. Et j’ai croisé des formateurs qui ne lisaient rien d’autre que ce qui était écrit sur leurs slides et ne faisaient aucun développement, aucun commentaire. Comme ça. Sans bruit. Du matin au soir.

Mon conseil : demandez-lui qu’il vous envoie son Powerpoint et allez vous promener.

2/ IL NE REPOND JAMAIS AUX QUESTIONS.

« Oui, je répondrai à toutes les questions à la fin. »

Ah bon ? Et pourquoi pas maintenant ?

S’il est calé dans son cours, qu’il connaît bien son canevas et qu’il maîtrise ses savoirs, il doit être capable de répondre et revenir sur son fil sans problème.

Sinon, à quoi bon l’écouter lui ?

Un fichier audio ou vidéo peut très bien faire l’affaire et l’on ne se privera pas pour l’écouter de s’installer confortablement sur un transat ou au bord d’une piscine.

C’est pour venir l’écouter, lui, qu’on a fait une heure de transport en commun et qu’on reste assis sept heures par jour sur ces chaises inconfortables.

Alors, au moins qu’il réponde à nos questions !

Si. C’est obligatoire !

Mon conseil : n’arrêtez jamais de lui poser des questions jusqu’à ce qu’il craque.

3/ IL PASSE LE 1ER JOUR A NE PARLER QUE DE LUI

« J’ai eu une vie passionnante ! Je vous souhaite de vivre le dixième de ce que j’ai vécu !… mais ne vous bercez pas d’espoir… »

Pour commencer la journée, j’ai connu plus diplomate.

C’est sûr, chez un formateur, c’est également la personne humaine qui nous intéresse. Nous le croisons quelques heures dans notre vie, on a envie d’en savoir un peu plus sur lui, son passé, son parcours, pourquoi il est parmi nous et en quoi il est légitime.

Ok. Ok.

Mais de là à nous expliquer comment, en parvenant à séduire la cousine du patron de la première boîte où il a travaillé comme assistant au service courrier, il y a 37 ans, il est parvenu par un stratagème à récupérer et utiliser des tickets restaurants pourtant passés de date, nous éloigne un peu du sujet de la formation et nous fait perdre un temps précieux. C’est passionnant, mais la vie de ce type n’est pas celle d’Indiana Jones non plus.

Mon conseil : parlez-lui de vous, sûrement tout aussi intéressant sinon plus.

4/ IL EST TRÈS COPAIN AVEC LA FILLE AU PREMIER RANG

Vous l’avez reconnu, c’est le dragueur !

C’est toujours très mauvais signe.

Il n’est dans l’enseignement que parce qu’il sait bien que les élèves comptent une majorité de filles, et les filles, c’est le seul sujet qui l’intéresse, même si lui n’intéresse pas beaucoup le sujet.

Avec lui, si vous avez la chance de ne pas être du sexe masculin, il s’intéressera à vous dès la première minute et vous pourrez poser autant de questions que vous voulez, il y répondra toujours, en ajoutant au passage avec un petit hochement de tête et un sourire ridicule, un truc du style « je vous donnerai tous les détails devant un café après les cours » ou « Si vous passez à la maison tout à l’heure, je pourrai vous donner tous les supports de cours ».

Messieurs, vous pouvez sortir vos smartphones, écouter de la musique, jouer à Call of Duty, il vous fichera une paix royale.

En revanche, s’il n’y a pas une fille dans le groupe, il fera la gueule toute la journée et ne vous passera rien, pas la moindre petite incartade, une minute de retard après une pause et votre compte est bon. J’angoisse déjà pour vous.

Mon conseil : si vous êtes un homme, venez en kilt, si vous êtes une femme, mettez-vous au fond de la salle ou bien dessinez-vous des moustaches bien noires sous le nez au fard à paupière.

5/ IL OUVRE UNE FENETRE POUR FUMER

On a beau lui dire que la fumée entre à l’intérieur de la pièce, il répond qu’il ne croit pas un seul instant dans cette histoire de tabagisme passif.

Ça ressemble fort à une fin de non-recevoir.

Et les rares fois de la journée où il n’a pas une cigarette au bec, il y a tout de même de la fumée qui sort de sa bouche quand il parle.

J’avais eu un prof de philo comme ça en Terminale. C’est assez impressionnant. Même si une voix à la Garou, ça peut avoir un certain charme, il n’empêche que côté prophylactique, c’est moyen moyen.

Vous pouvez essayer de venir tous avec un masque sur le nez dès le lendemain pour lui faire comprendre que la fumée ce n’est pas votre truc. Mais il y aura toujours quelques fumeurs dans le groupe pour dire que ce n’est pas si grave que ça, pour en profiter et en griller une petite eux aussi.

Donc, mal barré, vous êtes mal barré.

Mon conseil : sortez de votre poche un petit extincteur pour éteindre sa prochaine cigarette.

6/ IL PASSE DES COUPS DE FIL PERSO PENDANT LES COURS

On croirait presque un fake.

Pendant les pauses, OK. A l’heure du déjeuner, OK. Mais pendant les heures de cours, non, difficile à justifier.

A moins de passer quelques jours avec un chef op dont le film est en prépa ou une journée avec un réalisateur qui est parvenu à s’extraire une demi-journée de son tournage pour venir vous donner de précieux conseils. Si c’est le cas, alors il faudra qu’il nous fasse chaque fois un débrief après avoir raccroché, pour nous expliquer en quoi ce qu’il vient de prendre comme décision au téléphone pourra nous servir d’exemple et nous aider dans notre naissante carrière professionnelle.

Mon conseil : venez avec un brouilleur.

7/ IL DISTRIBUE DES CENTAINES DE PAGES DE SUPPORT DE COURS

C’est vrai qu’on aime bien parfois écouter le formateur et ne pas prendre de notes. La plupart du temps, on a droit à un petit email le jour d’après avec un ou deux pdf, parfois quelques infos supplémentaires, bien utiles et qui aident à se remémorer des détails qu’on aurait pu oublier.

Il y a, à l’opposé, des formateurs qui n’aiment pas les infos dématérialisées, qui en sont encore au bon vieux temps du papier roi (dont Steve Jobs rêvait déjà de nous débarrasser dans les années 80) et qui vous préparent de véritables bibles de quelques dizaines à plusieurs centaines de pages… format papier.

Ça ne se fait plus, le format papier !

Eh bien, faut croire que si.

Parce que dès le premier jour vous avez un super document entre les mains qui vous prendra plusieurs jours voire plusieurs semaines à décortiquer après la formation.

Bon, ce type de formateur est de plus en plus rare et il a tendance à n’officier que si la salle de cours est en rez-de-chaussée. A cause du poids du papier bien entendu.

Courageux mais pas téméraire.

Mon conseil : renseignez-vous avant de venir à quel étage est la salle de cours et le cas échéant, apportez un diable.

8/ IL LIT SON PAPIER 7 HEURES PAR JOUR

Un plan de cours solide, c’est l’enfance de l’art, mais ne pas lever le nez de sa feuille durant toute une session, c’est catastrophique. Les élèves ne sont pas là pour qu’on leur fasse de la lecture mais pour ressentir le passage de l’électricité entre UN savoir et UNE soif d’apprendre.
Le type qui s’assoit, chausse sa paire de binocles et lit un texte, même s’il a un vrai talent de lecteur et une voix enchanteresse, ce n’est pas un formateur.

Mon conseil : interrompez-le souvent, posez-lui des questions, essayez par tous les moyens de le faire lever le nez de son papier. En dernier ressort, profitez d’une pause pour cacher ses feuilles.

9/ IL PARLE UNE HEURE, LE RESTE C’EST LES TRAVAUX PRATIQUES

Mettre en pratique est la base de la digestion complète des acquis. C’est un point à ne pas négliger. Il est même essentiel. Mais il y a mise en pratique et mise en pratique.
Et ici, 1 heure de théorie pour 6 heures d’exercices c’est un peu comme donner à quelqu’un du chocolat, de la farine et des œufs et d’attendre en retour une forêt noire pour 12 personnes. L’exécution risque d’être chaotique, longue et pénible.
Non, les applications dans le « réel » de ce qu’on a pu apprendre d’un formateur doivent se faire en douceur et par étapes. L’avant dernier ou le dernier jour de la session, quand on s’est assuré déjà que les infos sont bien à leur aise dans les cerveaux, et surtout pas à l’improviste mais en parlant de la méthode dès le premier jour.

Mon conseil : vous êtes face à un tire-au-flanc, c’est patent. Demandez-lui de répéter ces points que vous n’avez pas bien compris, plusieurs fois de suite.

10/ IL MONTE UN PIQUET DE GREVE

Que ce soit en soutien aux Bralutshistoss du haut Tibet, cette peuplade qu’on croyait à jamais disparue et à laquelle le gouvernement en place refuse obstinément l’accès à l’internet haut débit dans ses yourtes ou à quelque autre cause que ce soit, c’est non !

Alors, soit, c’est sans doute un problème majeur de la globalisation, mais la formation est-elle l’endroit le mieux choisi pour débattre du soutien à cette cause ?

Non, on ne fait pas de politique en cours et, bien qu’on puisse imaginer débattre quelques instants pendant la formation d’un problème authentiquement majeur (par exemple la suppression en France du droit à la formation ! non, je plaisante), le mieux, pour que les séances restent sereines, est de laisser le monde extérieur à la porte. C’est même une des règles les plus importantes.

Le laisser à la porte ne veut bien entendu pas dire qu’il soit interdit d’en parler.

Mais on peut, on doit, parler du monde à condition de ne pas le laisser venir prendre part au débat. Une salle de cours, quel que soit le sujet, doit être et rester jusqu’à la dernière minute un lieu de sérénité absolue.

Et nous savons tous que politique et sérénité sont frères ennemis.

Mon conseil : dites-lui tous que vous demandez un report des jours non faits dès la fin des dates prévues. Ça devrait le décider à se bouger.

Pour finir, sans doute rencontrerez-vous encore au détour d’une session un formateur, un jour, qui sortira des standards. Je souhaite que la probabilité en devienne de plus en plus marginale.
Même si ceux de nos profs qui, autrefois, sortaient du rang, font souvent la joie de nos souvenirs d’enfant.

Une dernière chose, si vous en avez rencontrés des comme ça (ou des pires) racontez-nous vos expériences, nous les recenserons pour une prochaine publication.

En attendant, (et mieux encore si c’est chez nous) bonnes formations !

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