Comme le mois dernier, je vous proposerai, chaque mois, 5 ou 6 idées de sorties ciné, culture, de découvertes audiovisuelles ou de lectures, raccord avec l’humeur de saison.
Septembre a bien tenté d’avoir ma peau, avec ses turbulences de thermostat. Retour au stade animal, j’ai encore la goutte au nez et suis traquée par la nécessité d’exister à la machine à café, cernée par la surabondance d’œuvres à voir, lire, écouter. Un nuage de stress automnal est en train de se former. Je déballe illico mon kit de survie : 5 injections de fortifiant, d’étonnant, de beau et d’hilarant pour muscler mon néo-cortex et moucher définitivement narines et grincheux.
Films décortiqués
Pour ressouder deux neurones embrumés, la chaîne Every Frame a painting sur Youtube propose de véritables petits essais sur l’art du cinéma. Réalisées par Tony Zhou, monteur originaire de Vancouver, chacune des vidéos dure entre 6 et 10 minutes et étudie un sujet précis. La qualité de l’analyse et du travail de sélection et de montage de Tony rendent ses vidéos totalement addictives. Elles sont érudites, sans être ennuyeuses, toujours impeccablement illustrées et non sans humour. La vidéo sur l’art du montage, dans laquelle Tony explique comment l’étirement ou le resserrement d’un plan suscitent des émotions et des interprétations diverses, est particulièrement passionnante. Les 28 vidéos sont en anglais, mais une traduction en français, dans un menu déroulant à droite de l’image, est disponible.
Incassables désossés
Pour tester résilience et plasticité cérébrale, le Forum des Images propose une série de conférences sur la thématique des Incassables. L’idée de cette programmation, qui se déroule pendant 3 mois, jusqu’au 31 décembre, est que le burlesque et le cinéma d’action mettent en scène la même figure : un héros ultra-résistant en prise avec un milieu hostile. En entrée libre, ces conférences se tiennent tous les vendredis à 18h30.
En plus elles ont des titres qui donnent la niaque : Se relever encore, tomber encore, se relever mieux, Keaton l’action continue, Héroïsme de Cary Grant, De zéros à héros, l’art comique des costauds, La French touch du cinéma d’action existe-t-elle ?, Anatomie du cinéma d’action des années 80-90, et ma préférée Gros bras et mascara : féminités et identités au prisme de l’action. Pour en savoir plus, le programme est consultable sur le site du Forum des Images ou le site interactif des Incassables. Pour les plus contagieux d’entre vous, je conseille de rester bien au chaud et de visionner ces conférences en différé. Elles sont disponibles en intégralité sur le site.
Et si je dois ne conserver en mémoire qu’une seule réplique, je garde celle de Chuck Norris “Je mets les pieds où je veux… et c’est souvent dans la gueule.“
Sons cinématographiques
Pour se déboucher les tympans, la Maison de la Radio propose un cinéma sonore immersif. Le vendredi 20 octobre, le studio 105 bruissera des sons spatialisés de l’œuvre en son 3D réalisée par Charlotte Roux et son équipe à l’occasion des 500 ans du Havre. Interprétés par le groupe NUIT et l’auteure-compositrice Marie Guérin, « Les Passagers du Havre » déroulent des paysages portuaires composés de paroles, chants et bruits. Les quais, les docks, les cargos du Havre prennent vie dans la musicalité particulière de leur quotidien.
Charlotte Roux en prise de son spatialisé – Photo : Marie Guérin
Les Passagers du Havre, Studio 105, Maison de la Radio. Vendredi 20 octobre 2017 à 20h30. Entrée gratuite sur réservation, par ici.
Beauté picturale
Pour faire exploser ses synapses, les réalisateurs Dorota Kobiela et Hugh Welchman ont conçu un long-métrage d’animation entièrement peint à la main. La Passion Van Gogh compte 62.450 plans peints par 90 artistes professionnels venus du monde entier. Dorotea Kobiela explique que « l’oeuvre de Van Gogh est le vrai protagoniste – ses tableaux racontent son histoire – ce qui renvoie à sa dernière lettre adressée à son frère : «On ne peut s’exprimer que par nos tableaux». Nous avons peint chaque plan du film à la peinture à l’huile appliquée sur une toile, en cherchant à être aussi proche que possible de sa technique et de son style.” Pour obtenir cette beauté des images, véritables tableaux en mouvement, les réalisateurs ont d’abord filmé des acteurs en prises de vues réelles, dans des décors inspirés de l’œuvre du peintre ou sur fond vert. Les plans ont ensuite été peints un par un. Des toiles de Van Gogh ont été incrustées par compositing, puis animées en infographie. On retrouve ainsi dans le film 94 tableaux du maître presque à l’identique et 31 autres reproduits en grande partie ou partiellement.
La Passion Van Gogh a remporté le prix du public au Festival du film d’animation d’Annecy en 2017 et sort en salle le mercredi 11 octobre.
Puberté explosive
Pour retrouver la mobilité des zygomatiques, la série animée Big Mouth, produite et diffusée par Netflix, nous propulse dans les turpitudes de la puberté. Les 10 épisodes de la saison 1, recommandés pour les 16 ans et plus, débordent d’hormones. Ejaculation, règles, orientation sexuelle, plaisir féminin, érotisme et pornographie sont abordés sans détours, avec un humour décapant par les créateurs Nick Kroll et Andrew Goldberg.
Garçons et filles sont la proie des monstres de la puberté, cousins lointains des Maximonstres imaginés par Maurice Sendak. Ils se dépatouillent tant bien que mal (et plutôt mal pour notre plus grand plaisir) avec des transformations physiques et psychologiques qui leur échappent. Mention spéciale aux adultes qui entourent ces jeunes pubères, parents et personnel enseignant, et à leurs comportements tous plus inappropriés les uns que les autres !
Avec cette ordonnance hétéroclite mais jubilatoire, je compte bien vous retrouver le mois prochain ! En tout cas, je m’entraîne.
Thermidor approchant à grands pas, n’hésitez pas à me mener aux insolites du mois prochain. Je risque la rechute si je passe à côté d’un petit trésor de novembre.